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Municipales 2014 : une rencontre avec Anne Hidalgo

Au-delà des rencontres avec certaines têtes de liste des 9e, 10e et 18e arrondissements, nous avons sollicité certains candidats à la mairie de Paris dans le même contexte que pour les arrondissements, à savoir ceux qui pourraient être en responsabilité après les élections. Il s’agit en fait de deux candidates. Notons au passage que Paris joue cette année et personne ne s’en plaindra, les précurseurs puisque ce sont deux femmes qui tiennent le haut de l’affiche, Nathalie Kosciusko-Morizet pour l’UMP-UDI-MoDem et Anne Hidalgo pour le PS-PCF-PRG. Ce sont ces deux femmes que nous avons sollicitées. A celles-ci, nous avons ajouté Christophe Nadjovski pour les écologistes d’EELV. Ecologistes qui, en cas de victoire de la gauche, participeront à l’exécutif parisien d’une manière ou d’une autre, proportionnellement aux résultats du scrutin comme nous l'ont laissé entendre nos interlocuteurs.

L’idée est simple : rencontrer candidates et candidat pour leur parler de Barbès et de ses alentours, leur présenter les sujets qui nous préoccupent et qui seront à traiter au niveau de l’Hôtel de Ville par le Conseil de Paris, le tout dans une grille d’entretien commune pour comparer les réponses. Il s’agit plus d’un échange de points de vue que d’une liste de questions.

Nous commençons aujourd’hui par notre rencontre avec Anne Hidalgo.

Nota important : dans un souci d'équilibre entre les points de vue, nous avons depuis des semaines demandé un rendez-vous à NKM avec le soutien actif des candidats UMP des trois arrondissements, mais sans résultat à ce jour. Une date avait été fixée avec Christophe Najdovski mais la réunion a été annulée par le candidat à la dernière minute. Que les lecteurs de ce blog ne soient pas étonnés si les seuls propos d'Anne Hidalgo sont publiés ici, Action Barbès n'en porte pas la responsabilité.

paris,municipales-2014

Action Barbès rencontre Anne Hidalgo


C’est une Anne Hidalgo très attentive et entourée des trois têtes de liste socialistes des 9e, 10e et 18e que nous avons rencontrée dans les derniers jours de février pendant presque deux heures. De l’aveu même de son directeur de campagne, Rémi Féraud, la candidate socialiste connait assez mal le quartier de Barbès, à l’opposé de Bertrand Delanoë, élu du 18e. Cette rencontre était donc une façon pour Anne Hidalgo d’être sur le terrain et de mieux connaitre Barbès et ses problèmes via notre association. Action Barbès s’était fortement mobilisé pour l’occasion puisque pas moins d’une douzaine d’adhérents, chacun porteur d’un sujet particulier, étaient présents.

De quoi avons-nous parlé ? Vous trouverez dans cet article les messages que nous avons voulu faire passer à la candidate, ses réponses. Le tout est assez long mais il nous a semblé intéressant de publier l’ensemble de l’entretien, en ce qu’il contient parfois quelques informations mais aussi des absences de réponses qui nous amènent à penser qu’une attention particulière devra être portée sur certains sujets.


Le projet de Salle de Consommation à Moindre Risque (SCMR) boulevard de La Chapelle

Comme vous le savez, Action Barbès est favorable au projet de SCMR dans le10e. Nous ne revenons pas sur les raisons de ce choix, clairement exposées dans notre blog depuis des mois. Le projet est aujourd'hui au point mort. Le relancer nécessite une réelle et forte volonté politique puisqu'il s'agit de réviser la loi sur les drogues de 1970.

Bien sûr il y a eu des déclarations du président de la République, de la ministre de la Santé que le projet serait réalisé. De vous-même aussi en cas de victoire le mois prochain. Le plan 2014-2020 pour la prévention des risques liés à la toxicomanie prévoit même l'ouverture de plusieurs SCMR en France. Ce sont là de bons propos mais ce ne sont que des propos.

En face, il y a des actes concrets qui assombrissent gravement le tableau. D'abord le recul en rase campagne du gouvernement à propos de la loi sur la "Famille". Nous savons que vous avez regretté ce recul, mais il est là. Il paraît que les sujets sociétaux ne sont plus d'actualité. C'est un point extrêmement négatif. Autre acte concret négatif, la création, avec l'accord du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale, d'une mission d'information sur les drogues présidée par un député UMP corse dont on sait qu'il est farouchement opposé aux SCMR. Cette mission doit remettre son rapport en septembre 2014.

Dans ce contexte politique si sombre pour ce projet, quelles actions concrètes comptez-vous lancer en cas de victoire à la mairie de Paris ? Je pense là à ce que vous pourriez faire auprès de vos amis socialistes au gouvernement et au Parlement pour sortir le projet de l'ornière dans laquelle il se trouve aujourd'hui.

Sur la SCMR, on s’est engagé, il y a le problème juridique de la nécessité d’avoir une loi. J’en ai reparlé avec Marisol Tourraine (ministre de la Santé nldr), j’en ai reparlé avec la nouvelle responsable de la MILDT (Mission Interministérielle contre la Drogue et la Toxicomanie nldr), clairement je veux qu’on puisse la remettre sur pied le plus rapidement possible, j’espère après les municipales. Comptez sur nous pour être moteur. Remi Féraud a quand même été très courageux, il fait partie de ces élus locaux, qui, tout en s’engageant dans la campagne, avait souhaité qu’on porte cette proposition-là. Donc moi je ferai tout ce que je peux pour convaincre et je ne me satisfais pas des attitudes frileuses, complètement à côté de la plaque, qui consistent à dire, quand il y a un problème, on le nie. Là on ne peut pas nier qu’il y a un problème. Comptez sur moi pour être très engagée là-dessus. Vous avez raison de dire qu’ils ont reculé sur la loi Famille qui ne mangeait pas beaucoup de pain, il n’y avait pas de sujets qui fâchent et on peut se demander "qu’est-ce qu’ils vont faire avec cette loi nécessaire pour ce lieu" ? On sera convaincants. Je ne le fais pas par posture, je le fais par conviction, parce qu’à Paris il y a plein de sujets sociétaux où l’on a une longueur d’avance. Cela fait partie de notre mission.
Il y a quand même des points acquis. Le fait qu’on ait pu avoir la brigade spéciale avec des policiers qui sont affectés à la gare du Nord même si la salle n’a pas ouvert, ça c’est un point très important auquel nous nous sommes accrochés. On s’inscrit dans un avenir qui est la réalisation de cette salle. Je n’ai pas senti chez Marisol Tourraine un souhait d’arrêter l’aventure.
Si je suis maire de Paris et avec mes collègues maires d’arrondissement, on retournera au charbon pour que cette salle voie le jour. Je sais qu’ailleurs, même dans des villes de droite, il y a des maires qui soutiennent ces idées-là. On ira aussi les chercher pour créer des alliances. On surveillera de près le travail parlementaire, a fortiori celui du député en charge de cette commission. Il y aura une majorité. Au sein du groupe de gauche, il y aura une majorité pour le porter.


Circulation

Votre programme "Paris qui ose" indique : "Depuis dix ans, une politique résolue a été conduite, donnant plus de place aux piétons, aux vélos et aux transports collectifs pour une ville moins bruyante et moins polluée". Pourtant au vu des difficultés liées à la congestion de la circulation constatées au nord de Paris, en particulier entre Barbès et La Chapelle, Action Barbès souhaite que la politique de réduction de la circulation automobile soit renforcée et appuie les points suivants de votre programme :

  • aménagements d'ensemble des Portes de la Chapelle et de Clignancourt permettant de limiter les flux entrant dans Paris
  • révision des plans de circulation, avec un aménagement adapté, pour éviter les "itinéraires malin" principalement utilisés par le trafic de transit, et la limitation à 30km/h

Nous souhaitons aller plus loin et obtenir votre engagement sur :

  • un aménagement de l'axe Porte de la Chapelle - Place de la Chapelle en cohérence avec l'aménagement de la Porte et celui à venir de la promenade urbaine, entre Barbès et Stalingrad ;
  • une réflexion fine sur les quartiers proches où se reportent les flux et les contournements
  • une modification du plan de circulation dans le secteur Barbes—Chapelle pour prendre en compte le déplacement des urgences de Lariboisière.
  • un aménagement plus important des voies de bus en site propre avec une verbalisation accrue du non-respect de la voie bus et des arrêts
  • une augmentation réfléchie des axes cyclables Nord Sud


Sur vos pronostics urbains, c’est très intéressant. Que ce soit pour la circulation ou pour les abords de la gare de l’Est, c’est très bien qu’on parte de votre diagnostic, de l’analyse que vous en faites.

Sur les plans de circulation, moi je pense qu’il faut réduire la place de la voiture, continuer d’augmenter les possibilités de se déplacer en transports en commun, en circulation douce, on va beaucoup travailler au cours de la prochaine mandature sur les franchissements des portes. On a un petit peu commencé, cela ne c’est pas encore vu parce que c’est vrai, on a surtout parlé des travaux du tramway qui ont été des grosses contraintes dans le traitement des portes de Paris, mais maintenant, sur la partie qui vous concerne, le tramway est là, il va se poursuivre, enfin je l’espère puisque je souhaite qu’on en fasse la boucle. D'ailleurs, on a commencé, par exemple dans le 17e, à la limite 17e-18e, à la porte de Saint-Ouen et porte Pouchet, à travailler sur les franchissements de circulation douce sous les piles du périphérique, puisqu’il est là en hauteur;  il y a donc déjà un projet qui est parti, arbitré par un jury il y a quelques mois et qui traite très bien en termes d’espace public ces franchissements, y compris pour les circulations douces. Donc, moi je serais d’avis que, pour le territoire sur lequel vous apportez cette expertise qui est une approche globale, aménagement de l’espace public, circulation, espace de mobilités, cela soit traité ensemble.

 

paris,municipales-2014Politique culturelle de la Ville

Le Journal des Arts (n°407), Télérama (n°3344), entre autres, font leur une sur votre projet culturel et celui de votre adversaire. Il y a entre vous bien des différences mais sur la zone proprement dite qui nous concerne, le carrefour Barbès et ses alentours, à la croisée de trois arrondissements, pas grand-chose.
L’association Action Barbès a applaudi à la réhabilitation du Louxor qu’elle a contribué à faire racheter par la ville il y a 10 ans. Le Louxor est véritablement l’acte le plus important pour nous de la mandature qui s’achève. J’y ajouterais la réfection de la Bibliothèque de la Goutte d’or qui était vraiment nécessaire. En revanche, le Centre Barbara FGO semble quelque peu végéter, le Lavoir Moderne Parisien est plus qu’en sursis, le théâtre de la Boussole naît sur le Boulevard Magenta mais c’est une initiative privée, tout comme Gibert qui a pris la suite de Virgin, l’Élysée Montmartre est depuis son incendie en jachère. Par ailleurs, je ne m’étendrai pas sur les trafics et autres incivilités qui font de ce secteur une zone néfaste à la culture.

À un moment, donc, où le Louxor en plein essor contribue à une plus grande mixité dont le quartier a besoin, quel projet culturel « pirate » (pour reprendre le qualificatif qui résume votre projet) envisagez-vous pour continuer de décloisonner Barbès, secteur emblématique de la capitale et frontière invisible avec le Grand Paris, sous votre possible mandature ?

Sur culture, patrimoine, nouveaux projets pour Barbès, le cinéma le Louxor a été quelque chose d’important, on est tous très fiers d’avoir participé et contribué à ce projet qui requalifie vraiment le quartier. Je crois que par la beauté, l’embellissement des rues, les aménagements urbains, le street-art comme dans le 20e , il y a dans ce côté « pirate » des choses très intéressantes. Il faut maintenant des équipements de proximité : bibliothèques, médiathèques, espaces polyvalents qui permettent la rencontre. Des lieux comme le centre Barbara ou d’autres ont peut être été conçus dans un cadre trop spécifique. Ils peuvent avoir une dominante, la chanson, la musique, le cinéma, etc. … mais il faut qu’on soit dans des propositions d’équipements qui soient très ouvertes et très "mutualisables". Pas dans l’anarchie, que certains se les approprient et pas d’autres, il faut qu’on aille vers ce type de proposition. Il faut que l’espace public lui-même soit  le lieu de la rencontre artistique. Donc le côté « pirate » c’est un peu ça. Il ne faut pas qu’on s’interdise, même sur des occupations temporaires de lieux, d’avoir une expression artistique à condition que les choses soient claires. La Ville est une grande maison, une vieille Dame de temps en temps. Elle a eu des difficultés à accepter des conventionnements avec des squats d’artistes. Il faut que cela se fasse dans des rapports très clairs sur le fait que certains lieux peuvent être occupés temporairement pour de l’expression artistique. L’art est quelque chose qui permet le langage, un langage universel et a fortiori dans des arrondissements ou des quartiers qui sont très cosmopolites, des portes d’entrée du monde dans Paris. Utiliser aussi l’aménagement des rythmes éducatifs pour permettre aux enfants de rentrer dans l’éducation artistique et sportive.

Politique patrimoniale

Nous sommes très attachés au respect du patrimoine architectural de Paris, exceptionnellement riche. Mais nous aimerions attirer votre attention sur le fait que paradoxalement ce patrimoine est à la fois délaissé et excessivement protégé.

L’entretien du patrimoine architectural et urbain coûte cher. Le patrimoine est souvent dégradé, surtout lorsqu’il s’agit d’équipements connaissant une forte fréquentation. Par conséquent, la Ville de Paris répond aux dégradations au cas par cas, plus rarement par une réponse globale et systématique (la récente polémique à propos des églises parisiennes semble le confirmer). L’aménagement urbain de la place de la République est un exemple réussi d’un point de vue strictement urbain, mais il aurait pu être aussi efficace en conservant quelques éléments de patrimoine, comme par exemple les fontaines aux dauphins. L’escalier de la rue d’Alsace a été fort heureusement réhabilité partiellement, mais après de longs mois d’attente. Des panneaux de signalisation disgracieux ont été posés, alors que le bel escalier en fer à cheval méritait bien mieux que cela. Justement, la signalétique est tout un art et révèle une culture ou une inculture urbaine, au-delà de son aspect purement technique. D’autres exemples de mauvais traitement du patrimoine pourraient être cités comme la place Pigalle transformée en gare routière pour la RATP, les serres d’Auteuil en danger, la poste de la rue du Louvre détruite, …

Et paradoxalement, le patrimoine, quand il est protégé, l’est souvent trop, parce qu’il est alors question de figer l’histoire au lieu de l’accompagner. N’ayons pas peur d’être subjectifs. Car il y a patrimoine et patrimoine. Il y a celui qui est internationalement reconnu, source d’inspiration lorsque la France rayonnait dans le monde, et qui mérite d’être intégralement préservé. Et il existe un patrimoine certes de grande valeur, mais qui peut être adapté à des usages contemporains, plus conformes au fonctionnement de la ville moderne. Ce dernier patrimoine architectural et urbain, il faut accepter de le faire évoluer, sans pour autant le détruire à tout jamais.

Voilà pourquoi nous vous interrogeons sur votre état d’esprit concernant la politique patrimoniale, sachant que la mode et le jeunisme sont de mauvais conseillers, car souvent destructeurs d’un patrimoine parisien d’une valeur absolument inestimable.

Le patrimoine. En fait, il s’est dit plein de choses quand on a vu monter la polémique sur le plan églises, c’est l’hôpital qui se fout de la charité ! Franchement, la Droite n’a rien fait sur le sujet. Avant 2001, c’était à peine 5 millions d’€ par an qui étaient mis dans les plans églises de la ville de Paris. Il a fallu attendre 2001 pour avoir un vrai plan églises. On a doublé les crédits en la matière. Le problème, c’est que les églises sont très nombreuses dans la capitale, 96 lieux de culte à Paris. Elles sont en mauvais état pour un certain nombre d’entre elles, certaines sont de très grands lieux en grande difficulté du point de vue de l’entretien du patrimoine. Je pense à la Madeleine qui va être une priorité. J’ai annoncé dans mon programme 80 millions pour le plan églises de la prochaine mandature. On a donc là une mauvaise polémique lancée par la droite parisienne qui a voulu l’instrumentaliser car, étant de gauche, en faveur du mariage pour tous, on était forcément dans l’idée qu’il ne fallait pas entretenir les églises. C’est hélas aussi caricatural que cela.

Par ailleurs, une chose que l’on ne sait pas, c’est que notre équipe depuis 2001 a été celle qui a le plus protégé des lieux parisiens qui ne l’étaient pas. Il y a bien sur beaucoup de bâtiments inscrits à l’inventaire des bâtiments historiques à Paris. Mais tout le patrimoine social et industriel de Paris n’était pas du tout inscrit à l’inventaire et était détruit. On a protégé ces lieux. Je pense dans le 11e par exemple à la Maison des Métallos qu’on a entièrement rénovée, je pense au 104, à la halle Pajol vouée à être détruite qu’on a entièrement réhabilitée avec l’idée sur ces bâtiments-là de construire la ville sur la ville, de les réutiliser pour les rendre à un usage moderne. Au cours de la première mandature, on a du faire plus de 5000 protections patrimoniales avec le PLU de 2006 et on en a rajouté avec la modification du PLU.

Autre élément. Vous dites « serres d’Auteuil en danger » ! Non, ne vous laissez pas avoir. Les serres d’Auteuil sont magnifiques. Ce qu’on a fait en 2001 et cela a créé une levée de boucliers de ceux qui aiment bien l’entre-soi, on les a rendu gratuites, gratuites les collections botaniques.
L’agrandissement de Roland Garros. J’ai emmené des journalistes et des associations de bonne foi pour leur montrer ce qu’on allait modifier. Les serres d’Auteuil, elles restent, les serres de Formigé ne sont pas du tout mises dans l’espace ouvert au moment du tournoi de Roland Garros. Il y a un espace juste en bordure du périphérique sur lequel il y a des serres des années 80 avec des collections botaniques mal présentées avec des petites serres en plastique. Quand je suis allée là-bas avec certaines associations un peu jusqu’au-boutistes, elles m’ont dit « C’est protégé ». Vous n’allez pas me dire que les serres en plastique sont protégées. On fait à cet endroit là, c'est-à-dire à l’endroit qui servait d’espace de travail pour les personnels de la ville avec des machines entreposées, franchement pas un endroit où on se promène, on fait un nouveau court de tennis et ce nouveau court est entouré de serres. C’est un grand architecte qui a proposé que les serres qui vont entourer le court de tennis soient faites à l’image des serres de Formigé. On s’inspire de ces serres et on en fait un espace moderne mais avec les collections botaniques de la Ville de Paris accessibles parce que pour l’instant, les petites serres des années 80 ne sont pas ouvertes au public, en théorie oui, mais en pratique non. Donc la bataille est basée sur des mensonges. Pour arriver à ce qu’on est en train de faire, il y a eu des étapes. Une première étape avec la Commission départementale des sites, puis la Commission nationale, enfin des recours en justice. On a tout gagné sur tous les points de droit et il y a même eu un rapport des inspecteurs qui s’occupent des aspects patrimoniaux du bois de Boulogne, notamment sur le maintien des tracés d’Alphand et Haussmann, un rapport qui a non seulement approuvé mais soutenu ce projet parce qu’il est totalement respectueux de ces tracés.

Une ville accessible à tous

L'accessibilité pour tous est un droit et nous sommes attentifs à sa prise en compte dans toutes les réalisations que nous proposons.

Toutefois, le principe acquis du partage de l'espace public par tous exige, à notre avis, une plus grande rigueur dans sa mise en œuvre par les services de la ville, notamment afin que les personnes en situation de handicap (moteur, sensoriel ou mental) et les personnes âgées, puissent se déplacer en sécurité et avec le maximum d'autonomie possible, dans un espace public convivial.
Pour cela, il faut certes continuer à améliorer et à compléter les équipements, mais, en termes de facilitation de la vie quotidienne, une des pistes que nous proposons est de renforcer la sensibilisation des services techniques municipaux, et de prendre les mesures nécessaires pour que les espaces de circulation soient dépourvus d'obstacles permanents ou temporaires. Notre quartier en particulier abonde en terrasses et étalages largement débordants, le plus souvent en toute illégalité, parfois aussi avec des autorisations anciennes devenues non conformes, et nous regrettons le peu d'efficacité de la Direction de l'Urbanisme pour faire respecter la réglementation. On peut également évoquer le danger des obstacles aux déplacements des piétons en situation de handicap que constituent les véhicules mal garés, certains mobiliers urbains, sans parler des deux roues, motorisés ou non, circulant parfois de manière anarchique (sur les trottoirs, sans éclairage …). A cet égard, des actions de sensibilisation des usagers mériteraient d'être entreprises.

Nous sommes attachés à ce que tous les projets de modification des flux de circulation prennent en compte les usagers les plus vulnérables, y compris, par exemple, quand il s'agit de réorganiser les accès/sorties d'une station de métro.
L'information dans l'espace et les lieux publics doit être améliorée pour être accessible à tous : nom des rues, panneaux d'orientation, identification des immeubles, circulation dans les bâtiments, accès aux services.
Un constat : beaucoup de feux sonores sont hors service, les bandes d'éveil de vigilance sont souvent très dégradées.

Dans le cadre des procédures ADAP (agendas d'accessibilité programmée), il serait souhaitable de mettre en place une structure de proximité, d'information et de conseil, notamment en direction des petits commerçants, ne serait-ce que pour éviter que les personnes en situation de handicap se sentent stigmatisées par les conséquences des obligations en matière d'accessibilité.

Quels plans d'action comptez-vous mettre en œuvre ?

L’accessibilité est un très très gros sujet. On avait beaucoup progressé dans la première mandature, aménagements de trottoirs, de voirie, … Deuxième mandature, c’est peut être moins visible donc sur la prochaine mandature je compte en faire un point important. Il y a la question de l’accessibilité des lieux privés parce que sur l’accessibilité des lieux publics, la Ville en a fait un élément clé de son travail sur le patrimoine tout comme le développement durable, deux leviers sur lesquels on a insisté ces derniers temps. Sur les commerces, là moi je suis très partante pour qu’on en parle bien sûr avec le Président de la Chambre des Métiers. On a la chance d’avoir des commerces de proximité à Paris qui sont très engagés dans la vie citoyenne. Par exemple, on a réussi à faire avec eux un plan pour la lutte contre l’isolement, notamment des personnes âgées, et on a un réseau de commerçants solidaires qui sont connectés aux services sociaux de la ville et qui entrent dans la prévention des plans canicule lorsqu’ils ne voient pas des personnes qu’ils ont l’habitude de voir dans leur magasin, ils donnent alors l’alerte aux services de la ville. Il y a ainsi plus de 400 commerçants qui sont aujourd’hui dans le réseau des commerçants solidaires. Je pense qu’on doit pouvoir prendre appui sur eux pour travailler sur la question de l’accessibilité.


Incivilité routière, stationnement illicite et réseau de caméras urbaines

Vous avez évoqué dans votre programme l'augmentation du nombre des caméras de vidéosurveillance là où elles s'avèrent utiles. Lors des débats sur le plan des 1000 caméras à Paris, nous étions partagés au sein de notre association. N’y a-t-il pas eu leurre : les habitants en majorité ont cru que les caméras assureraient plus de sécurité alors qu'elles se sont avérées être une aide notable à l'élucidation des affaires. Maintenant qu'elles sont en service, pourquoi ne pas les utiliser davantage pour réprimer les  incivilités routières, à l'instar des radars sur les voies de circulation intense ? Les voies de bus sont souvent encombrées par du stationnement illicite, des carrefours sont bloqués par le non-respect des feux tricolores. Quelle sera votre politique à cet égard ? Est-ce ce à quoi vous pensez quand vous parlez « d'insécurité routière » à propos de l'extension des caméras ?

Dans le travail qu’on va faire sur la sécurité, 1) on va se battre pour avoir plus de policiers, 2) je veux regrouper des moyens de prévention autour des maires d’arrondissement, des équipes sécurité et prévention dans chaque arrondissement. Là je veux mettre à contribution les Conseils de Quartier sur le diagnostic en matière de tranquillité publique. Pas l’action bien sûr. Et un travail très étroit entre le maire d’arrondissement et le commissaire de police pour déployer les effectifs notamment de prévention et de sécurité de la Ville sur les endroits où il faut mettre l’accent. Il faut un dialogue plus serré entre commissaires et maires d’arrondissement. Je souhaite revoir les missions des équipes qui sont chargées aujourd’hui du stationnement, les fameux ASP, qui sont sous l’autorité du préfet de police et chargées de verbaliser le stationnement. On va aller vers des modes de paiement qui seront de plus en plus efficaces et donc pouvoir orienter les personnels que sont les ASP vers une police de la circulation et des incivilités. On est une des rares villes au monde où lorsqu’un piéton met le pied sur un passage piéton, les automobilistes accélèrent. On a là un vrai sujet. C’est aussi pourquoi je veux des zones 30.
A propos de la vidéosurveillance, en fait il faut être pragmatique. Là où il y en a besoin, il faut qu’il y en ait. Si on n’a pas besoin, on ne va pas s’amuser à poser des caméras. Elles ont été utiles pour beaucoup d’élucidations d’affaires. Il ne faut pas dire qu’il faudrait mettre des caméras quasiment au pied de chaque immeuble comme le dit la droite. On n’a pas envie d’être dans un monde où tous nos faits et gestes sont surveillés.


Propreté

De nombreux quartiers parisiens souffrent de malpropreté, souvent les quartiers de grand passage, où la fréquence des nettoyages ne suffit pas à maintenir l'espace public propre. Dans nos quartiers autour de Barbès, nous cumulons en plus des salissures habituelles (papiers, dépôts sauvages) les épanchements et odeurs d'urine autour de la station, tout au long du viaduc et dans certains recoins de rues précises (rue Richomme par ex.), les emballages de cartouches de cigarettes de contrefaçon jetées à tout vent aux abords du carrefour Barbès, les amas de mégots devant les cafés, les restaurants et les bureaux, et les conséquences de cette pollution particulière.
Lors d'une réunion d'appartement le 20 février, Félix Beppo, élu du 18e, nous a annoncé que les moyens ne seraient non pas augmentés mais redéployés. En revanche, dans C' dans l'air le 23 février, vous vous êtes engagée à augmenter le personnel de la DPE. Pouvez-vous confirmer votre intention, et nous dire dans quel secteur ces nouveaux agents seront affectés ? Et si le 18e n'en bénéficie pas, quel type de redéploiement pourra améliorer notablement la situation, jugée par beaucoup d'habitants intolérable ?

Propreté, on met des moyens. Mais moi, ce que je voudrais aussi, c’est que les Conseils de Quartier participent au diagnostic sur la propreté dans les arrondissements et que les maires d’arrondissement, avec l’expertise des Conseils de Quartier, travaillent à rendre plus propres ces quartiers.

Commentaires

  • Merci à Anne Hildago d'avoir consacré du temps à cette réunion, merci beaucoup à AB pour ce compte-rendu détaillé.

    Quelques remarques :

    - Les conditions de transport se sont considérablement dégradées au cours de la dernière mandature (exemples : détournement de lignes de bus à cause de l'anarchie qui règne à certaines heures place de La Chapelle ou Porte de Clignancourt ; stations Barbès et Château-Rouge parfois impraticables ; RER imprévisible, au bord du collapse ; scandale des taxis parisiens ; etc.).

    - Patrimoine : la seule rénovation de la Halle Pajol a coûté aussi cher que celle de l'église Saint-Sulpice, celle du Louxor plus que le budget annuel dévolu à l'ensemble des 96 lieux de culte (pauvre St Laurent qui tombe en ruine...), celle de la Gaité Lyrique équivaut à 3 ans de budget de rénovation de ces églises, qui datent parfois du Moyen âge et sont souvent classés monuments historiques. La rénovation du stade Jean Bouin, "pas chère" selon M. Delanoé, a coûté 150 à 200 millions d'euros... Sans parler du crime patrimonial que constitue la rénovation au bulldozer de la Goutte d'Or.

    - Culture : Mme Hildago ne s'intéresse manifestement, comme son prédécesseur, qu'à la culture officielle (rebaptisée "pirate" : sic !!!). Rien sur les lieux culturels de proximité comme les librairies, qui sont en train de disparaître de nos quartiers...

    - Propreté, accessibilité, etc. : la plupart des problèmes viennent des comportements inciviques. Or il existe des lois et des règlements, dont certains sont appliqués très sévèrement, d'autres pas du tout. Par exemple, de quel droit des commerçants, y compris des commerces alimentaires, peuvent se débarrasser de tous leurs déchets sur la voie publique ? Ce serait inconcevable ailleurs dans Paris, pourquoi laisse-t-on faire dans les 18e et 10e arrondissements ?

  • @JD : concernant la culture, le patrimoine, je suis entièrement d'accord avec vous.

    Pour les transports en commun, c'est assez compliqué, la Ville de Paris n'ayant pas toutes les manettes en mains même si elle siège au STIF, donc soyons plus indulgents.

    Concernant la propreté, quand je dis à mes amis d'AB que les Parisiens sont "dégueu" ils se moquent de moi pourtant la réalité est bien là. Je me demande quelques fois s'il ne faudrait pas faire une démonstration par l'absurde et laisser ces déchets trainer quelques jours voire quelques semaines sur les trottoirs, on verrait la tête des commerçants. Cette irresponsabilité ne vient-elle pas justement de l'efficacité des Services de la ville, les gens se disant "il y aura toujours quelqu'un pour nettoyer" ?

  • Pour rebondir sur votre commentaire, je constate que depuis que toilettes et enlèvement des encombrants sont gratuits, Paris est plus sale que jamais et que c'est la mode d'uriner partout, du moins dans nos quartiers.

    Rien de tel dans d'autres villes qui ne proposent pas de tels services. Donc ce n'est pas un problème économique mais une question de maintien de la civilité et de l'ordre public. Même Marseille est désormais plus "clean" que Paris, sans parler de New-York...

  • Serres d'Auteuil "pas en danger".

    Juste délocalisées :

    http://sauv-derniere.over-blog.org/article-engagements-non-respectes-123116579.html

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